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XXVIII
INTRODUCTION


votre oncle (J.-B. de Secondat), vrai philosophe de l'ancienne école, de celle de Zenon, d’Épictète et de Marc-Aurèle. Un vieux soldat, parvenu comme moi par des voies honorables, et jamais par l’intrigue, est plus entêté qu’un autre homme. Je vous aime véritablement. Je désire de vous conserver, s’il m’est possible, la fortune de notre ayeul. Il a connu, senti et défini mieux que personne ce mot honneur qu’on trouve peut-être à présent dans les dictionnaires. Je ferai tout pour vous. Mais je ne ferai rien que d’après ces bases.

» Adieu, mon ami. Embrassez bien tendrement de ma part ma pauvre mère. Je l’aime de tout mon cœur. Mille amitiés à votre femme et à vos enfans.

» MONTESQUIEU. »

Cette lettre était à peine arrivée à son adresse que Marie-Thérèse-Catherine de Mons, veuve de J.-B. de Secondat, mourut le 16 février 1801. Le séquestre fut aussitôt apposé sur les biens provenant de sa succession, et la demande de mainlevée, faite par les héritiers collatéraux, fut repoussée par un arrêté des Consuls, malgré l’avis favorable donné par le préfet de la Gironde, Thibaudeau. Le 16 mars 1801, les intéressés reçurent communication de cette décision.

On allait donc procéder à la vente des biens. Mais la Société des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Bordeaux intervint officiellement, le même jour, afin d’empêcher cette vente et celle de la bibliothèque de Montesquieu. Le 16 avril 1801, le nouveau préfet du département, M. Dubois, répondit à la compagnie,