Page:Montesquieu - Pensées et Fragments inédits, t1, 1899.djvu/102

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qualités ne sortiront jamais de ma mémoire, fit l’honneur à cet ouvrage de s’en occuper. Elle y mit un nouvel ordre, et, par les nouveaux tours qu’elle donna aux pensées et aux expressions, elle éleva

5 mon esprit jusqu’au sien. La copie de Mad’1 de Lambert s’étant trouvée après sa mort dans ses papiers, les libraires, qui n’étoient point instruits, l’ont insérée dans ses ouvrages, et je suis bien aise qu’ils Payent fait, afin que, si le hasard fait passer

io l’un et l’autre de ces écrits à la postérité, ils soyent le monument éternel d’une amitié qui me touche bien plus que ne feroit la gloire. »

VI. — LETTRES DE XÉNOCRATE.

129 (173. I, p. 144). — XÉNOCRATE A PHÉRÈS.

I5 Vous voulez que je vous parle de Pisistrate.

De tous les grands hommes qui ont paru sur la Terre, il n’y en a guère eu de plus singulier que Pisistrate 1.

Il est né avec un génie supérieur, et cependant il :o est soumis à l’ascendant de tous les autres génies. Il n’a point de vanité, et il a un souverain mépris pour tous les hommes.

Ceux qui l’ont trompé ont si fort décrédité les hommes dans son esprit qu’il ne croit plus aux ô honnêtes gens.

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