Page:Montesquieu - Pensées et Fragments inédits, t1, 1899.djvu/150

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227* (1853. III, f° 107). — Le Czar a mis la police dans ses états en faveur du Genre humain, et non pas de son empire : il seroit impossible que cet empire, s’il étoit policé, habité, cultivé, pût subsister.

5 228* (1898. III, f° i33). — Despotisme. — On dit que le rebelle Mevis (sic) fait en Perse des progrès étonnants, et que le Peuple le suit de toutes parts.

Nos princes ont jusqu’ici exercé leur pouvoir avec si peu de retenue, ils se sont si fort joués de la

10 Nature humaine, que je ne m’étonne pas que Dieu permette que les peuples se lassent et secouent un joug trop appesanti. Malheureuse condition des sujets! Ils n’ont presque point de voye légitime pour se défendre de la vexation, et, quand ils ont

i5 raison dans le fond, il se trouve qu’ils ont tort dans la forme.

Prends au hasard l’histoire de quelque trouble d’État. Il y a à parier mille contre un que le Prince ou son ministre en sont la cause. Le Peuple, natua0 Tellement craintif, et qui a raison de l’être, bien loin de songer à attaquer de front ceux qui ont une puissance redoutable dans leurs mains, a même de la peine à se déterminer à se plaindre. Nous sommes en Perse si persuadés de cette a3 maxime que nous en faisons un usage continuel: dans les démêlés qui arrivent dans les provinces, la Cour décidera toujours pour le Peuple contre ceux qui ont l’autorité du Prince. En effet, l’autorité despotique ne se doit jamais 30 communiquer. Les ordres arbitraires ne doivent