Page:Montesquieu - Pensées et Fragments inédits, t1, 1899.djvu/253

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

choses à dire ; mais j’aurois peur que cela ne devint une matière de pure érudition. Je voudrois parler non pas à la mémoire de mes lecteurs, mais à leur bon sens, et l’on a plus tôt fini quand on parle au bon sens qu’à la mémoire. J’aimerois mieux ensei- 5 gner à considérer les loix dans leur origine, qu’à faire un livre sur l’origine des loix.

434*(2052. III, f°340 v°). —J’ai toujours été frappé, en lisant les codes des loix des Barbaresi, du peu d’attention ou sévérité qu’elles ont contre le parri- 10 cide ; de sorte que ce crime est presque confondu avec les autres violences, et je vois dans Cassiodore2 que Théodoric voulut dans un cas pareil que l’on punît le parricide selon la Loi romaine. A mesure que ces Barbares devenoient plus romains, ib ils concevoient plus d’horreur pour le parricide. Or je trouve, en quelque façon, la cause de cette manière de penser des peuples barbares, dont les mœurs se tenoient toutes ; je la trouve (dis-je) dans Procope (Guerre des Goths, livre IIe), où il dit, en ao parlant des Hérules : quand quelqu’un d’entre eux languissoit ou vieillissoit, il étoit contraint de faire requête à ses proches de le faire mourir ; un autre qu’un parent l’occisoit ; après quoi, ses parents mettoient le feu au bûcher et le brûloient3. 25

Voyez combien tout ceci se rapporte aux autres

1. j’ai tiré ceci pour en faire un chapitre pour la fin du XVIII» livre.

2. Livre II, lettre 14.

3. Voyez mon vieux extrait de Procope, page aSg.