Page:Montesquieu - Pensées et Fragments inédits, t1, 1899.djvu/263

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Mais il faut se défier de l’art qu’il employé. Il a porté dans la dispute ce génie divin, ces talents heureux, si connus dans ce siècle-ci, mais que la postérité connoîtra mieux encore.

Made Dacier, au contraire, a joint à tous les défauts 5 d’Homère tous ceux de son esprit, tous ceux de ses études, et j’ose même dire tous ceux de son sexe ; telle que ces prêtresses superstitieuses qui déshonoroient le Dieu qu’elles révéroient, et qui diminuoient la Religion à force d’augmenter le culte. 10

Je ne dis pas que Made Dacier ne méritât cette belle place qu’on lui a donnée dans la République des Lettres, et qu’elle semble avoir obtenue malgré le Destin même, qui l’avoit plutôt fait naître pour faire le bonheur de quelque moderne que pour la i5 gloire des Anciens. Tout le monde a senti le tour (?) et même le feu de ses traductions. Mais elle a fini sa vie dans un siècle où le souverain mérite est de penser juste, et qui, dans le temps qu’il admire une belle traduction de Ylliade, n’est pas moins frappé 20 d’un mauvais raisonnement sur Ylliade.

Ainsi l’on pourroit dire de cette guerre ce qu’on dit dans (sic) celle de Pyrrhus et des Romains: que les Épirotes n’avoient pas vaincu les Romains ; mais que le consul avoit été vaincu par le roi des 2b Épirotes.

451* (117.1, p. 110).—J’avoue qu’une des choses qui m’a le plus charmé dans les ouvrages des Anciens, c’est qu’ils attrapent en même temps le grand et le simple ; au lieu qu’il arrive presque tou- 30