Page:Montesquieu - Pensées et Fragments inédits, t1, 1899.djvu/301

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Nous ne pouvons nous empêcher de faire part à votre Majesté des craintes que nous avons eues. Nous tremblions pour les jours d’un roi, d’un citoyen, d’un ami, d’un père. Car, Sire, parmi tant de vertus royales, nous sommes surtout frappés 5 de celles i...

Elle ose dire qu’elle n’est point touchée de l’éclat et de la majesté qui vous environne. Rien ne lui montre son roi que votre seule personne. Gloire, grandeur, majesté, elle trouve tout en elle2. 10

527 (1284. II, f° i35). — Sire, vous êtes le roi d’un peuple qui vous aime, qui vous regarde avec admiration, et qui vous obéit avec plaisir ; qui regarde vos vertus comme le plus grand bien que le Ciel ait pu lui faire ; qui ne voudroit point d’un bonheur i5 qu’il ne partageroit point avec vous ; qui, en vous aimant, croit aimer la Patrie, et à qui sa prospérité annonce votre gloire.

Si votre Majesté n’avoit perdu qu’un grand ministre, elle trouveroit de reste en elle-même de quoi »0 réparer cette perte. Elle a perdu un ami, et c’est une chose que les princes retrouvent encore moins que les autres hommes 3.

1. Excusez, Sire, si, parmi tant de vertus royales, nous ne pouvons nous empêcher de relever celles qui vous auraient distingué de tous les François, si vous étiez né dans la vie privée.

2. Chacun craignoit de perdre le chef de sa famille. Il sembloit que, dans le royaume, vous n’eussiez plus de sujets, et que vous n’eussiez que des amis. Nous souhaitons principalement de vivre pourvoir les grandes choses pour lesquelles le Ciel vous a conservé.

3. Voyez page 38.