Page:Montesquieu - Pensées et Fragments inédits, t1, 1899.djvu/332

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Vénus vulgaire, qu’il ne laissa pas manquer de prêtresses. Lorsque les Grecs vouloient implorer la protection de Vénus, ils le faisoient par le ministère des courtisanes Dans la guerre des Perses, les 5 courtisanes corinthiennes s’assemblèrent et prièrent pour le salut de la Grèce. Quand le Peuple lui demandoit quelque grâce, il lui promettoit aussitôt d’emmener (sic) dans son temple de nouvelles courtisanes. Ainsi il ne faut pas s’étonner que ces sortes de

10 femmes fussent en si grand honneur chez les Grecs : elles jouoient un rôle dans le monde ; elles avoient des Dieux et des autels.

On pouvoit dire d’elles ce qu’un orateur romain disoit d’une vestale : < Vous ne devez point mépri

i5 ser celle qui fléchit les Dieux pour vous, qui conserve le feu éternel, et s’employe nuit et jour pour le salut de l’Empire. »

Aussi de grands personnages2 ont-ils employé leur plume à écrire la vie des courtisanes athé

20 niennes, leur caractère, celui de leurs amants, leurs reparties, les traits de leur esprit et de leur visage, le brillant et le déclin d’une profession qui n’est jamais la dernière que l’on embrasse.

561 (492.1, p. 4o7). — Les Lydiens introduisirent 25 l’usage de l’eunuquisme des femmes. L’Histoire remarque que ce n’étoit pas par jalousie, mais pour que les femmes qui servoient fussent plus fraîches et conservassent leur jeunesse plus longtemps.

1. Athénée, livre XIII.

2. Antiphane, Apollodore, Aristophane, Ammonius, Gorgias.