Page:Montesquieu - Pensées et Fragments inédits, t1, 1899.djvu/377

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s’est toujours remise de ses pertes, de ses maladies, de ses dépopulations, et, avec quelle ressource, elle a toujours soutenu ou même surmonté les vices intérieurs de ses divers gouvernements.

Peut-être en doit-elle la cause à cette diversité 5 même, qui a fait que nul mal n’a jamais pu prendre assez de racine pour lui ôter entièrement le fruit de ses avantages naturels.

Peu de princes ont mieux connu les devoirs de la royauté que saint Louis. Que s’il a donné dans la 10 bigotterie, c’étoit les foiblesses de son temps, et non pas les siennes ; que s’il a entrepris des croisades, c’étoit encore l’erreur de son siècle. Il faut le juger sur les vertus qu’il auroit eues dans tous les temps.

Charles VIL

Sous ce règne combattit le comte Dunois, homme que nous pouvons regarder à aussi juste titre, comme le fondateur de notre monarchie, que Pharamond et Clovis.

Louis XL 20

La mort de Charles VII fut le dernier jour de la liberté françoise. On vit, dans un moment, un autre roi, un autre peuple, une autre politique, une autre patience, et le passage de la servitude, à la liberté fut si grand, si prompt, si rapide ; les moyens, si ab étranges, si odieux à une nation libre : qu’on ne sauroit regarder cela que comme un esprit d’étourdissement tombé tout à coup sur ce royaume.