Page:Montesquieu - Pensées et Fragments inédits, t1, 1899.djvu/394

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Lorsque Henri IV eut été assasiné les Espagnols furent soulagés d’un poids immense. Ils se voyoient délivrés d’un prince qui avoit de grands projets, qui s’allioit avec les princes opprimés et avoit la

5 confiance de l’Europe. Il est certain qu’ils se mêlèrent de l’entreprise de Ravaillac, que les Ligueurs proscrits à Naples et aux Pays-Bas ne cessèrent de conjurer, surtout depuis que l’Espagne, instruite du projet du Roi contre elle, crut n’avoir plus rien à

10 ménager. Pour la Société, quel que fût le bruit

i. Est tué le 14 mai 161o, à 4 heures du soir.— Ravaillac fouillé : trois quarts d’écu, avec un cœur de cire navré de trois coups. Il demande si le Roi étoit mort. On lui dit que non. « Si lui ai-je porté un vilain coup. » 11 badine et disoit : « Gardez que je ne die que c’est vous-même. » (De l’Estoile, page 3o5.)— A cinq heures du soir, la Reine déclarée régente par le Parlement qui se rassemble. (Ibid., page 3o6.) — Pressentiments du Roi. (Ibid., pages 3o7, 3o8.)— Père Coton demande si le scélérat n’est pas un hérétique. (Ibid., page 3o9.)— Médecin Duret fait médecin de la Reine : l’homme du Monde que le Roi aimoit le moins. Conchine qu’on disoit porter fort constamment la mort du Roi : on croyoit qu’il y avoit contribué. (Ibid., pages 3o9, 3io.)

— Dureté du feu Roi pour une pauvre femme. (Ibid., page 3 M.) — De Vicq obtient la chemise sanglante du Roi. (Ibid., page 3io.)

— Billet laissé trois ans auparavant sur un autel, pour avertir le Roi de Ravaillac. (Ibid., page 312.)—Le jeune Roi : «Je voudrais, disoit-il, n’être point roi, et que ce fût mon frère : car j’ai peur qu’on me tue. » (Ibid., page 314.) — Le Roi va le 15 mai au Parlement pour confirmer la Régence. Le Premier Président et Servin font des discours très beaux : le Premier Président, sur les protestations du duc de Guise, l’en remercie, et dit qu’il en fera charger les registres, pour l’en faire souvenir. — Un homme mis en prison pour avoir dit que l’action de Ravaillac étoit bonne : il étoit de la maison du duc d’Épemon et du Connétable ; mis dehors par l’importunité des plus grands. Discours du Peuple sur ces deux seigneurs. (Ibid., page 316.) — Autre garnement pris, qui avoit montré à une femme plusieurs espions du roi d’Espagne