Page:Montesquieu - Pensées et Fragments inédits, t1, 1899.djvu/396

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ses affaires. La Société avoit en Cour des amis puissants, et le Roi, qui aimoit que l’on lui marquât de l’attachement, étoit, de ce côté-là, tout-à-fait content d’eux. Le Roi même étoit très bien avec 5 Rome, parvenue, par sa conversion, à ce qu’elle pouvoit souhaiter de plus heureux, de conserver (dans le Royaume) la Religion catholique et l’indépendance de l’Espagne.

Les seigneurs du Royaume (exceptés (sic) qu’un

io ou deux furent (sic) grièvement soupçonnés) n’y trempèrent pas non plus : car, outre que ces actions ne sont ni de leur cœur, ni de leur esprit, on ne vit en eux aucun penchant au désordre ; au contraire, ils donnèrent au malheur commun toutes leurs ini

iS mitiés.

Ravaillac soutint jusqu’au dernier moment qu’il n’avoit pas de complices, et il reçut une absolution sous condition que, s’il ne disoit pas vrai, il seroit damné.

20 Mais ce qui fit naître les soupçons fut une grande négligence dans la poursuite de certaines gens que l’on accusoit d’être complices. Mais on crut qu’il étoit de la prudence de cesser des poursuites où personne ne gagnoit rien, où bien des

a5 gens pouvoient être calomniés, où l’on couroit risque de trouver un grand ennemi dont il falloit se cacher l’inimitié, pour ne pas se le rendre irréconciliable. Ceux qui gouvernoient ne songeoient qu’à leurs intérêts présents. On cessa donc d’exposer

io des gens à une accusation terrible à l’innocence même.