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Page:Montesquieu - Pensées et Fragments inédits, t1, 1899.djvu/442

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des magistrats, dans la prospérité de ceux qui gouvernent, dans le respect rendu aux loix, dans la stabilité de la Monarchie ou de la République. L’esprit du citoyen est d’aimer les loix, lors même b qu’elles ont des cas qui nous sont nuisibles, et de considérer plutôt le bien général qu’elles nous font toujours, que le mal particulier qu’elles nous font quelquefois.

L’esprit du citoyen est d’exercer avec zèle, avec 10 plaisir, avec satisfaction, cette espèce de magistrature qui, dans le corps politique, est confiée à chacun : car il n’y a personne qui ne participe au gouvernement, soit dans son emploi, soit dans sa famille, soit dans l’administration de ses biens. i5 Un bon citoyen ne songe jamais à faire sa fortune particulière que par les mêmes voyes qui font la fortune publique. Il regarde celui qui agit autrement comme un lâche fripon, qui, ayant une fausse clé d’un trésor commun, en escamote une partie et 20 renonce à partager légitimement ce qu’il aime mieux dérober tout entier.

619* (127o. II, f° 126). — Je traitois ensuite des devoirs fondés sur la bienséance, et qui servent à rendre la société plus agréable :

25 « On peut juger de ce que nos concitoyens doivent exiger de nous, par ce que nous exigeons nousmêmes de ceux avec qui nous voulons vivre dans une liaison un peu étroite, et que nous tirons, pour cet effet, du sein de la société générale. Nous ne

3o voulons pas seulement qu’ils soyent justes, ennemis