Aller au contenu

Page:Montesquieu - Pensées et Fragments inédits, t1, 1899.djvu/447

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

un seul jour ce qu’on croit avoir respecté trop longtemps.

Dès que Louis XIV fut mort, la jalousie parut contre les rangs. Le Peuple ajouta à ce que l’autorité royale avoit déjà fait. On voulut bien s’avilir devant 5 le ministre du Prince ; mais on ne voulut rien céder à l’officier de la Couronne, et on regarda avec indignation toute subordination qui n’étoit pas une servitude.

Les Grands, étonnés, ne trouvèrent d’égards nulle 10 part ; toute dignité devint pesante, et, au lieu de l’honneur qui y étoit attaché, il n’y eut que du ridicule à prétendre.

La haute noblesse non titrée, qui contribua le plus à cet avilissement, crut y gagner beaucoup. Mais, t5 en faisant revenir les gens titrés jusques à elle, elle fit monter aussi au même niveau une foule de gens qui n’y auroient jamais pensé. Tout fut Montmorenci ! tout fut Châtillon !

623* (1274. II, f° i3o v°). — De la Raillerie. — Tout 20 homme qui raille veut avoir de l’esprit ; il veut même en avoir plus que celui qu’il plaisante. La preuve en est que, si ce dernier répond, il est déconcerté.

Sur ce pied-là, il n’y a rien de si mince que ce qui sépare un railleur de profession d’un sot ou 25 d’un impertinent.

Cependant, il y a de certaines règles que l’on peut observer dans la raillerie, qui, bien loin de rendre le personnage d’un railleur odieux, peuvent le rendre très aimable. 3o