Page:Montesquieu - Pensées et Fragments inédits, t1, 1899.djvu/492

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connoître aux hommes par idée ou par une image représentative de lui-même. Il ne pouvoit non plus se faire connoître que par sentiment, que de la même manière qu’il se fait sentir aux Anges et aux Bien5 heureux dans le Ciel. Mais, comme un si grand bonheur, qui est la félicité suprême, étoit une grâce que l’Homme devoit mériter avant que de l’obtenir, et qu’il ne pouvoit même acquérir que par la voye des peines et des souffrances, Dieu choisit un troii° sième moyen pour se faire connoître, qui est celui de la foi ; et, par là, s’il ne lui donna pas des connoissances claires, il l’empêcha, du moins, de tomber dans l’erreur.

XXV. DOUTES.

i5 674* (1945. III, f° 247). — Doutesi.

S’il arrive quelquefois que Dieu prédestine (ce qui ne peut arriver que rarement : car il n’arrive que rarement que Dieu nous ôte la liberté), il ne peut jamais nous prédestiner qu’au salut. Ceux qui sont

a0 prédestinés sont sauvés. Mais il ne s’en suit pas que tous ceux qui ne sont pas prédestinés soyent damnés. Saint Paul, qui a porté le plus loin la prédestination, est pour ce que je dis : « Scimus autem quoniam diligentibus Deum omnia cooperantur in bonum, iis

2b qui, secundum propositum, vocati sunt sancti. > Remarquez bien les paroles qui suivent : « Nam quos

1. Jusqu’à la page 2 56.