Page:Montesquieu - Pensées et Fragments inédits, t1, 1899.djvu/515

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de la chair des animaux, au lieu de se nourrir de leur lait et des fruits de la terre. Je suis persuadé que la santé des hommes en a diminué. La viande a eu besoin d’être apprêtée; il a fallu augmenter la salure et les ragoûts; d’ailleurs, il faut que les pâtu- 5 rages s’employent à nourrir des animaux qui doivent ensuite nourrir l’Homme. Or, si l’Homme se nourrissoit du fruit de la terre, de la première main, le même pays nourriroit beaucoup plus d’hommes. On expérimente en Angleterre que la multiplication des 10 pâturages diminue le nombre des hommes, en diminuant le nombre de ceux qui cultivent la terre; et je suis persuadé que ce grand nombre de gens qu’il y a à la Chine ne vient que de ce que la plupart du peuple y vit de riz1; ce qui fait qu’un champ i3 peut nourrir un très grand nombre d’hommes2.

710(665. I, p. 463).— Dans le journal de mes voyages, j’ai remarqué la gourmandise ou plutôt la gloutonnerie des anciens Romains et l’étonnante sobriété de ceux-ci (sic). Je n’en ai pas marqué la 20 raison, et je crois que je l’ai trouvée: c’est l’usage fréquent que les Anciens avoient des bains.

Dans les Lettres édifiantes, tome II (Lettre du père Antoine Sepp au père Guillaume Stinglhaim, sur le Paraguay), il est dit: « Les rivières sont « nécessaires aux habitations des Indiens, parce que ces peuples, étant d’un tempérament fort chaud, ont besoin de se baigner plusieurs fois le jour. —

1. Mis la fin dans mes Loix.

2. Voyez le volume Mythologica et Antiquitates, page m.