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Page:Montesquieu - Pensées et Fragments inédits, t1, 1899.djvu/537

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une aile trop étendue et trop difficile à remuer sans accident;

20 Le mouvement de l’épaule, qui devroit suppléer à celui du muscle de l’aile, qui est si fort dans les oiseaux, seroit trop foible dans l’homme; sans 5 compter qu’il faudroit que le mouvement partît du centre de gravité; ce qui ne peut être dans l’homme. Pour suppléer à cela, il faudroit que les ailes régnassent tout le long du corps; et, si l’on y parvient, il faudra que l’on imagine quelque machine par 10 laquelle la force du mouvement de l’épaule soit augmentée.

3° Le danger.

Si l’on avoit ce qu’il faut pour voler, on n’y réussiroit pas pour cela : tout homme peut nager, mais 25 très peu le savent et réduisent en acte ce qu’ils ont en puissance. Dans ce cas, il faudroit être suspendu tout le long du corps sur une corde et se faire au mouvement de remuer les ailes. Ainsi les Romains, avant de mettre une flotte en mer, instruisirent leurs 20 matelots futurs en leur faisant faire la manœuvre sur terre. Nos oiseaux de basse-cour ne volent pas (je crois) la plupart du temps, parce qu’ils n’ont pas accoutumé de voler.

On pourroit donner de la force au mouvement 25 du bras, en faisant une espèce de levier, appliquant le point d’appui au milieu du bras. Le long bras seroit depuis le bras jusqu’au point d’appui; le court, depuis le point d’appui jusqu’au point où l’aile seroit attachée. 3o On pourroit donner une tunique de plumes qui