Page:Montesquieu - Pensées et Fragments inédits, t2, 1901.djvu/111

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trop : c’est qu’il n’y a pas beaucoup de différence entre s’estimer beaucoup soi-même et mépriser beaucoup les autres.

1. Mis dans l’Histoire véritable.

1047(951. II, f° 21). — La vanité de la plupart des gens est aussi bien fondée que celle que je pren- 5 drois sur une aventure arrivée aujourd’hui chez le cardinal de Polignac, où je dînois. Il a pris la main à l’aîné de la Maison de Lorraine, le duc d’Elbeuf, et, après dîner, quand le prince n’y a plus été, il me l’a donnée. Il me la donne à moi ; c’est un acte 10 de mépris. Il l’a prise au prince ; c’est un acte d’estime. C’est pour cela que les princes sont si familiers avec leurs domestiques. Ils croyent que c’est faveur ; c’est mépris.

1048 (1101. II, f° 7*3 v°). — J’aime à voir un homme 15 de qualité modeste devenir vain et orgueilleux parce qu’il a épousé la fille d’un faquin qui est en crédit. Il s’enorgueillit de ce qui devroit l’humilier. J’en ai vu de ceux-là : O fœx hominum e sanguine Deorum. (Rosmadec, qui avoit épousé la nièce du Garde-des- 2o Sceaux.)

1049(952. II, f° 21 v°). — Je voyois un sot qui étoit revenu d’une ambassade et ne parloit plus que par monosyllabe. Si cet homme savoit combien il perd à faire le comte d’Avaux, et combien il ga- 2 5 gneroit auprès de nous à être simple !

1050 (1o53. II, f° 61 v°). — Je voyois un sot revenu