Page:Montesquieu - Pensées et Fragments inédits, t2, 1901.djvu/171

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vide, la moindre bulle d’air se répand partout et fait enfler tous les corps.

1304* (83o. I, p. 533).— Les auteurs ne sont pas bons juges de leurs ouvrages. En voici la raison : c’est que, s’ils eussent cru une phrase mauvaise, ils b ne l’auroient pas mise.

1305(875. II, f°4).— D’abord, les ouvrages donnent de la réputation à l’ouvrier ; ensuite, l’ouvrier donne de la réputation aux ouvrages.

1306 (1310. II, f° 179).— Comme l’avare disoit que 1o ses héritiers n’auroient pas plus de plaisir à dissiper son bien qu’il en avoit eu à l’amasser, un auteur peut dire que nul n’aura plus de plaisir à lire son livre que lui en a eu à le faire.

1307 (1461. II, f° 214 v°).— Les critiques sont 15 comme ce peintre qui, ayant peint un coq, défendoit

à ses apprentis de laisser approcher les coqs de son tableau.

1308 (920. II, f° 15). — Savants. — On voudro1t que, dans les livres, ils eussent appris le jargon des 2o femmes. Mais ils savent toutes les langues, excepté celle-là. Ils sont gauches quand ils veulent être frivoles, et sots quand ils veulent raisonner avec des machines qui n’ont jamais fait que sentir1.

1. *Mis à peu près dans les Loix.