Page:Montesquieu - Pensées et Fragments inédits, t2, 1901.djvu/244

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1520* (1499. II, f° 224 v°). — Persée, roi de Macédoine, avoit des qualités qui éblouirent d’abord son siècle ; mais son esprit sembloit être fait pour sa propre ruine. Dès qu’il avoit le moindre succès, il

5 trompoit ses alliés ; au moindre revers, il tomboit dans une consternation qui lui ôtoit le sens. Il avoit une avarice stupide qui lui faisoit regarder la conservation de ses trésors comme indépendante de celle de son royaume. Il se sentoit l’esprit assez fin

1o pour aimer les affaires ; mais son cœur étoit assez lâche pour l’empêcher d’y réussir.

Les particuliers n’ont souvent besoin que des qualités de l’esprit ; les princes, plus exposés aux caprices de la Fortune, ont encore besoin des qua

15 lités de l’âme. Ils peuvent trouver les qualités de l’esprit dans leurs ministres ; les sentiments, ils ne les trouvent qu’en eux-mêmes.

1521*(1522. II, f° 231). — Après la première prise de Constantinople, l’Europe, craignant pour elle, 3o reconnut qu’elle avoit affoibli elle-même sa barrière, et ce fut une faute qu’elle chercha en vain à réparer.

1522* (771.I, p. 5o3). — Dans la dernière révolution de Constantinople, lorsque l’empereur nouveau 25 a vu que les Janissaires rebelles avoient commis assez d’insolences pour se rendre odieux, il les a exterminés et punis.