Page:Montesquieu - Pensées et Fragments inédits, t2, 1901.djvu/453

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les mains des princes pour renverser ces nouveaux États.

2025* (1640. III, f° 3). — Milord Bath dit que l’Angleterre et l’Écosse ont donné, dans des années, jusqu’à 11 millions sterling ; que, cependant, elles ne 5 font guère, par leur étendue, que le tiers du royaume de France. Or, la France, dit-il, ne paye pas, beaucoup près, tant à proportion ; et, comptant 8 millions d’habitants en Angleterre et Écosse et 20 millions en France, il se trouve que la France ne paye autant, 1o à beaucoup près, ni à proportion de ses habitants, ni à proportion de ses terres. Il attribue cela : 1° au commerce ; 2o au gouvernement, qui fait que, se taxant soi-même, on se taxe au-dessus de ses forces par l’amour pour la liberté ; 3° aux richesses de leurs 15 mines.

J’ajoutai que la France a une grande partie de son pays en forêts ; que l’Angleterre y supplée par ses mines de charbon, qui font le supplément des terres, qui formeroient de grandes provinces ; notre gouver- 2o nement, qui fait qu’on ne peut taxer la Noblesse trop loin, parce qu’on en a besoin pour la guerre et pour la Cour, pour l’exercice des charges civiles, ni les marchands, que la maltôte écrase déjà. La taxe est donc sur le bas peuple, qui est écrasé, et tout est 25 écrasé encore, parce qu’on commence par accabler, et que personne n’a le temps de s’enrichir.

2026* (1649. DI, f 8).— Milord Bath m’a dit que la dette de la Nation, en 1749, étoit de 81 millions