Page:Montesquieu - Pensées et Fragments inédits, t2, 1901.djvu/515

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que les poissons qui se promènent croyent être en liberté ; mais réellement ils sont pris. Les pécheurs croyent, de même, qu’ils ne seront pas punis de Dieu ; mais ils sont dans le filet.

2125(629.I, f°453). — La religion qui damneroit 5 un homme pour aller à la chasse feroit que des chasseurs qui auroient, sans cela, été honnêtes gens ne prendroient plus la peine de l’être.

2126 (Sp., f ° 415 v°). — Je remarque aussi que les hommes sont naturellement portés à espérer et à 1o craindre, et je le prouve par la facilité que les religions étrangères, comme la chrétienne et celle des Indiens (qui ont toutes les deux un Enfer et un Paradis), ont trouvé à s’établir au Japon, et le zèle et l’amour avec lequel on les a reçues. 15

2127(229. I, p. 246). — Une religion qui offriroit des récompenses sûres dans l’autre vie verroit disparoître ses dévots à milliers.

2128 (1o85. II, p. 67 v°). — On auroit dû mettre l’oisiveté continuelle parmi les peines de l’Enfer ; il 2o me semble, au contraire, qu’on l’a mise parmi les joyes du Paradis.

2129(1o82.II, f 67 Vo). — Une preuve que l’irréligion a gagné, c’est que les bons mots ne sont plus 25 tirés de l’Écriture, ni du langage de la Religion : une impiété n’a plus de sel.