Page:Montesquieu - Pensées et Fragments inédits, t2, 1901.djvu/99

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Mais, à force de donner à lsurs fibres de grands ébranlements, ils les ont rendues lâches et se sont ôté la ressource des ébranlements médiocres.

990(587- I, f° 445 v°). — Remarquez bien que la plupart des choses qui nous font plaisir sont dérai- 5 sonnables.

991 (739. I, p. 499). — La grande joye fait toujours un de deux effets : quand elle n’égaye pas les autres, elle les attriste, comme déplacée. Le grand secret est de n’en mettre que la dose convenable ; 1o sans cela, on est très souvent tristement gai. Il faut, pour être aimable, pouvoir faire céder son caractère à l’occasion : quand il ne vous met pas en train, il vous déroute.

La joye continuelle est de même : si je suis triste, 15 la joye des autres m’afflige, parce qu’elle me tire du plaisir que j’ai à me laisser aller à ma tristesse. On me fait donc violence ; ce qui est une espèce de douleur.

992(1419. II, f° 204 Vo). — Je disois : « Les grands seigneurs ont des plaisirs ; le peuple a de la joye. * 2o

993(1’i83. II, f° 198). — L’avantage de l’amour sur la débauche, c’est la multiplication des plaisirs. Toutes les pensées, tous les goûts, tous les sentiments, deviennent réciproques. Dans l’amour, vous avez deux corps et deux âmes ; dans la débauche, 23 vous avec une âme qui se dégoûte même de son propre corps.