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DE L’ESPRIT DES LOIS.


jugement préalable, il se rendoit propriétaire de l’héritage ; ainsi les parjures étoient sûrs d’acquérir. » [1] Lorsque l’empereur Othon I se fit couronner à Rome [2], le pape Jean XII tenant un Concile, tous les seigneurs [3] d’Italie s’écrièrent qu’il falloit que l’empereur fît une loi pour corriger cet indigne abus. Le pape et l’empereur jugèrent qu’il falloit renvoyer l’affaire au concile qui devoit se tenir peu de temps après à Ravenne. [4] Là, les seigneurs firent les mêmes demandes, et redoublèrent leurs cris ; mais, sous prétexte de l’absence de quelques personnes, on renvoya encore une fois cette affaire. Lorsqu’Othon II, et Conrad [5] roi de Bourgogne, arrivèrent en Italie, ils eurent à Vérone [6] un colloque [7] avec les seigneurs d’Italie ; et, sur leurs instances réitérées, l’empereur, du consentement de tous, fit une loi qui portoit que, quand il y auroit quelque contestation sur des héritages, et qu’une des parties voudroit se servir d’une chartre, et que l’autre soutiendroit qu’elle étoit fausse, l’affaire se décideroit par le combat ; que la même règle s’observeroit lorsqu’il s’agigiroit de matières de fief ; que les églises seroient sujettes à la même loi, et qu’elles combattroient par leurs champions. On voit que la noblesse demanda la preuve par le

  1. Loi des Lombards, liv. II, tit. LV, ch. XXXIV. (M.) 3. L’an 962. (M.)
  2. L’an 962. (M.)
  3. Ab Italiœ proceribus est proclamatum, ut imperator sanctus, mutata lege, facinus indignum destrueret. Loi des Lombards, liv II, tit. LV, ch. XXXIV. (M.)
  4. Il fut tenu en l'an 967, en présence du pape Jean XIII, et de l'empereur Othon I. (M.)
  5. Oncle de Othon II, fils de Rodolphe, et roi de la Bourgogne trans-jurane. (M.)
  6. L'an 988. (M.)
  7. Cùm in hoc ab omnibus impériales aures pulsarentur. Loi des Lombards, liv. II, tit. LV, ch. XXXIV. (M.)