Page:Montesquieu Esprit des Lois 1777 Garnier 1.djvu/244

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n’aimassent pas la monarchie, & que les despotes haïssent le despotisme.

Tout dépend donc d’établir dans la république cet amour ; & c’est à l’inspirer, que l’éducation doit être attentive. Mais pour que les enfants puissent l’avoir, il y a un moyen sûr ; c’est que les peres l’ayent eux-mêmes.

On est ordinairement le maître de donner à ses enfans ses connoissances ; on l’est encore plus de leur donner ses passions.

Si cela n’arrive pas, c’est que ce qui a été fait dans la maison paternelle, est détruit pas les impressions du dehors.

Ce n’est point le peuple naissant qui dégénere ; il ne se perd que lorsque les hommes faits sont déjà corrompus.




CHAPITRE VI.

De quelques institutions des Grecs.


Les anciens Grecs, pénétrés de la nécessité que les peuples qui vivoient sous un gouvernement populaire fussent élevés à la vertu, firent pour l’inspirer des institution singulieres. Quand vous voyez dans la vie de Lycurgue, les lois