Page:Montesquieu Esprit des Lois 1777 Garnier 1.djvu/262

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
88
De l’esprit des Lois,

obligés de chercher, & les riches obligés de souffrir un pareil remede.

Si, lorsque le législateur fait un pareil partage, il ne donne pas des lois pour le maintenir, il ne fait qu’une constitution passagere ; l’inégalité entrera par le côté que les lois n’auront pas défendu, & la république sera perdue.

Il faut donc que l’on regle dans cet objet les dots des femmes, les donations, les successions, les testamens ; enfin toutes les manieres de contracter. Car s’il étoit permis de donner son bien à qui on voudroit & comme on voudroit, chaque volonté particuliere troubleroit la disposition de la loi fondamentale.

Solon, qui permettoit à Athenes de laisser son bien à qui on vouloit par testament, pourvu qu’on n’eût point d’enfans[1], contredisoit les lois anciennes qui ordonnoient que les biens restassent dans la famille du testateur[2]. Il contredisoit les siennes propres ; car, en supprimant les dettes, il avoit cherché l’égalité.

  1. Plutarque, vie de Solon.
  2. Ibid.