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Liv. X. Chap. IV.

jamais fini, si je voulois raconter tous les biens qu’ils ne firent pas, & tous les maux qu’ils firent.

C’est à un conquérant à réparer une partie des maux qu’il a faits. Je définis ainsi le droit de conquête ; un droit nécessaire, légitime & malheureux, qui laisse toujours à payer une dette immense, pour s’acquitter envers la nature humaine.




CHAPITRE V.

Gélon, roi de Syracuse.


Le plus beau traité de paix dont l’histoire ait parlé, est je crois celui que Gélon fit avec les Carthaginois. Il voulut qu’ils abolissent la coutume d’immoler leurs enfans[1]. Chose admirable ! Après avoir défait trois cents mille Carthaginois, il exigeoit une condition qui n’étoit utile qu’à eux, ou plutôt il stipuloit pour le genre humain.

Les Bactriens faisoient manger leurs peres vieux à de grands chiens. Alexandre le leur défendit[2] ; & ce fut un triomphe qu’il remporta sur la superstition.

  1. V. le Recueil de M. de Barbayrac, art. 112.
  2. Strabon, liv. II.