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Liv. X. Chap. XV.

moitié Chinois, moitié Tartares. Cela produit plusieurs bons effets. I°. Les deux nations se contiennent l’une l’autre ; 2°. Elles gardent toutes les deux la puissance militaire & civile, & l’une n’est pas anéantie par l’autre ; 3°. La nation conquérante peut se répandre par-tout, sans s’affoiblir & se perdre ; elle devient capable de résister aux guerres civiles & étrangeres. Institution si sensée, que c’est le défaut d’une pareille, qui a perdu presque tous ceux qui ont conquis la terre.




CHAPITRE XVI.

D’un état despotique qui conquiert.


Lorsque la conquête est immense, elle suppose le despotisme. Pour lors, l’armée répandue dans les provinces ne suffit pas. Il faut qu’il y ait toujours autour du prince un corps particuliérement affidé, toujours prêt à fondre sur la partie de l’empire qui pourroit s’ébranler. Cette milice doit contenir les autres, & faire trembler tous ceux à qui on a été obligé de laisser quelqu’autorité dans l’empire. Il y a