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De l’esprit des Lois,

blesse & du clergé, la puissance des rois se trouverent dans un tel concert, que je ne crois pas qu’il y ait eu sur la terre de gouvernement si bien tempéré que le fut celui de chaque partie de l’Europe dans le temps qu’il y subsista ; & il est admirable que la corruption du gouvernement d’un peuple conquérant ait formé la meilleure espece de gouvernement que les hommes ayent pu imaginer.




CHAPITRE IX.

Maniere de penser d’Aristote.


L’embarras d’Aristote paroît visiblement, quand il traite de la monarchie[1]. Il en établit cinq especes : il ne les distingue pas par la forme de la constitution ; mais par des choses d’accident, comme les vertus ou les vices du prince ; ou par des choses étrangeres, comme l’usurpation de la tyrannie, ou la succession à la tyrannie.

Aristote met au rang des monarchies, & l’empire des Perses & le royaume de Lacédémone. Mais qui ne voit que

  1. Politique, liv. III. chap. XIV.