Page:Montesquieu Esprit des Lois 1777 Garnier 1.djvu/602

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
428
De l’esprit des Lois,


Il est bon que de certaines idées s’y soient établies. Ainsi, à la Chine, le prince est regardé comme le pere du peuple ; & dans les commencemens de l’empire des Arabes, le prince en étoit le prédicateur[1].

Il convient qu’il y ait quelque Livre sacré qui serve de regle, comme l’alcoran chez les Arabes, les livres de Zoroastre chez les Perses, le védam chez les Indiens, les livres classiques chez les Chinois. Le code religieux supplée au code civil, & fixe l’arbitraire.

Il n’est pas mal que, dans les cas douteux, les juges consultent les ministres de la religion[2]. Aussi en Turquie les cadis interrogent-ils les mollachs. Que si le cas mérite la mort, il peut être convenable que le juge particulier, s’il y en a, prenne l’avis du gouverneur, afin que le pouvoir civil & l’ecclésiastique soient encore tempérés par l’autorité politique.

  1. Les Caliphes.
  2. Histoire des Tattars, troisieme partie, p. 277, dans les remarques.