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Liv. XXIV. Chap. XXIV.

de bétail ; on est toujours en danger d’en manquer pour le labourage ; les bœufs ne s’y multiplient[1] que médiocrement, ils sont sujets à beaucoup de maladies : une loi de religion qui les conserve, est donc très-convenable à la police du pays.

Pendant que les prairies sont brûlées, le riz & les légumes y croissent heureusement, par les eaux qu’on y peut employer : une loi de religion qui ne permet que cette nourriture, est donc très-utile aux hommes dans ces climats.

La chair[2] des bestiaux n’y a pas de goût ; & le lait & le beurre qu’ils en tirent, fait une partie de leur subsistance : la loi qui défend de manger & de tuer des vaches, n’est donc pas déraisonnable aux Indes.

Athenes avoit dans son sein une multitude innombrable de peuple ; son territoire étoit stérile : ce fut une maxime religieuse, que ceux qui offroient aux dieux de certains petits présens, les honoroient[3] plus que ceux qui immoloient des bœufs.

  1. Lett. édif. douzieme recueil, pag. 95.
  2. Voyage de Bernier, tome II. pag. 137.
  3. Euripide dans Athénée, liv. II. pag. 40.