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Liv. XXV. Chap. XIV.

empêcher qu’on ne l’obtînt. Ce fut alors que les ames s’effaroucherent, & que l’on vit un combat horrible entre les tribunaux qui condamnerent & les accusés qui souffrirent, entre les lois civiles & celles de la religion.




CHAPITRE XV.

De la propagation de la religion.


Tous les peuples d’orient, excepté les Mahométans, croient toutes les religions en elles-mêmes indifférentes. Ce n’est que comme changement dans le gouvernement, qu’ils craignent l’établissement d’une autre religion. Chez les Japonois, où il y a plusieurs sectes, & où l’état a eu si long-temps un chef ecclésiastique, on ne dispute[1] jamais sur la religion. Il en est de même chez les Siamois[2]. Les Calmouks[3] font plus ; ils se font une affaire de conscience de souffrir toutes sortes de religions : À Calicuth[4] c’est une maxime d’état, que toute religion est bonne.

  1. Voyez Kempfer.
  2. Mémoires du comte de Forbin.
  3. Histoire des Tattars, part. V.
  4. Voyage de François Pyrard, ch. xxvii.