Page:Montesquieu Esprit des Lois 1777 Garnier 3.djvu/445

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
415
Liv. XXIX. Chap. VIII.

certains sacrifices[1] qui devoient être faits par l’héritier, & qui étoient réglés par le droit des pontifes : cela fit qu’ils tinrent à déshonneur de mourir sans héritier, qu’ils prirent pour héritiers leurs esclaves, & qu’ils inventerent les substitutions. La substitution vulgaire, qui fut la premiere inventée, & qui n’avoit lieu que dans le cas où l’héritier institué n’accepteroit pas l’hérédité, en est une grande preuve ; elle n’avoit point pour objet de perpétuer l’héritage dans une famille du même nom, mais de trouver quelqu’un qui acceptât l’héritage.




CHAPITRE IX.

Que les lois Grecques & Romaines ont puni l’homicide de soi-même, sans avoir le même motif.


Un homme, dit Platon[2], qui a tué celui qui lui est étroitement lié, c’est-à-dire lui-même, non par ordre du magistrat, ni pour éviter l’ignominie,

  1. Lorsque l’hérédité étoit trop chargée, on éludoit le droit des pontifes par de certaines ventes, d’où vint le mot sine sacris hæreditas.
  2. Livre IX ; des lois.