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De l’esprit des Lois,

que quarante ou cinquante années n’avoient pu leur faire oublier. Dans cet état des choses, combien le clergé perdit-il de biens ! A peine y avoit-il des ecclésiastiques pour les redemander. Il resta donc encore à la piété de la troisieme race assez de fondations à faire, & de terres à donner : les opinions répandues & crues dans ces temps-là, auroient privé les laïques de tout leur bien, s’ils avoient été assez honnêtes gens. Mais, si les ecclésiastiques avoient de l’ambition, les laïques en avoient aussi : si le mourant donnoit, le successeur vouloit reprendre. On ne voit que querelles entre les seigneurs & les évêques, les gentilshommes & les abbés ; & il falloit qu’on pressât vivement les ecclésiastiques, puisqu’ils furent obligés de se mettre sous la protection de certains seigneurs, qui les défendoient pour un moment, & les opprimoient après.

Déjà une meilleure police, qui s’établissoit dans le cours de la troisieme race, permettoit aux ecclésiastiques d’augmenter leur bien. Les calvinistes parurent, & firent battre de la monnoie de tout ce qui se trouva d’or & d’argent dans les églises. Comment le