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Liv. XXXI. Chap. XXI.

monarchie. Le premier flatta l’avarice des gens de guerre : les deux autres celle de clergé ; Louis le débonnaire mécontenta tous les deux.

Dans la constitution Françoise, le roi, la noblesse & le clergé avoient dans leurs mains toute la puissance de l’état. Charles Martel, Pépin & Charlemagne, se joignirent quelquefois d’intérêts avec l’une des deux parties pour contenir l’autre, & presque toujours avec toutes les deux : mais Louis le débonnaire détacha de lui l’un & l’autre de ces corps. Il indisposa les évêques par des réglemens qui leur parurent rigides, parce qu’il alloit plus loin qu’ils ne vouloient aller eux-mêmes. Il y a de très-bonnes lois faites mal-à-propos. Les évêques, accoutumés dans ces temps-là à aller à la guerre contre les Sarrasins & les Saxons[1], étoient bien

  1. « Pour lors les évêques & les clercs commencerent à quitter les ceintures & les baudriers d’or, les couteaux enrichis de pierreries qui y étoient suspendus, les habillemens d’un goût exquis, les éperons dont la richesse accabloit leurs talons. Mais l’ennemi du genre humain ne souffrit point une telle dévotion, qui souleva contr’elle les ecclésiastiques de tous les ordres, & se fit à elle-même la guerre. » L’auteur incertain de la vie de Louis le débonnaire, dans le recueil de Duchesne, tome II, page 298.