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de l’esprit des Lois.

De plus, j’ai remarqué que les déclamations des hommes furieux ne font guere d’impression que sur ceux qui sont furieux eux-mêmes. La plupart des lecteurs sont des gens modérés : on ne prend guere un livre que lorsqu’on est de sang froid ; les gens raisonnables aiment les raisons. Quand l’auteur auroit dit mille injures à Bayle, il n’en seroit résulté, ni que Bayle eût bien raisonné, ni que Bayle eût mal raisonné : tout ce qu’on en auroit pu conclure auroit été, que l’auteur savoit dire des injures.


Troisieme objection.


Elle est tirée de ce que l’auteur n’a point parlé, dans son chapitre premier, du péché originel[1].


Réponse.


Je demande à tout homme sensé, si ce chapitre est un traité de théologie ? Si l’auteur avoit parlé du péché originel, on lui auroit pu imputer, tout de même, de n’avoir pas parlé de la rédemption : ainsi d’article en article à l’infini.

  1. Feuille du 9 octobre 1749, page 162.