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de l’esprit des Lois.


Septieme objection.


Elle est tirée du chapitre I du premier livre, où l’auteur, après avoir dit que l’homme étoit un être borné, a ajouté : Un tel être pouvoit, à tous les instans, oublier son créateur ; Dieu l’a rappellé à lui par les lois de la religion. Or, dit-on, quelle est cette religion dont parle l’auteur ? il parle sans doute de la religion naturelle ; il ne croit donc que la religion naturelle.


Réponse.


Je suppose, encore un moment, que cette maniere de raisonner soit bonne ; & que, de ce que l’auteur n’auroit parlé là que de la religion naturelle, on en pût conclure qu’il ne croit que la religion naturelle, & qu’il exclut la religion révélée. Je dis que, dans cet endroit, il a parlé de la religion révélée, & non pas de la religion naturelle : car, s’il avoit parlé de la religion naturelle, il seroit un idiot. Ce seroit comme s’il disoit : Un tel être pouvoit aisément oublier son créateur, c’est-à-dire la religion naturelle ; Dieu l’a rappellé à lui par les lois de la religion naturelle :