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de l’esprit des Lois

on a dit : C’est la religion chrétienne. Toutes les fois qu’il a comparé les pratiques religieuses de quelques nations quelconques, & qu’il a dit, qu’elles étoient plus conformes au gouvernement politique de ce pays, que telle autre pratique, on a dit : Vous les approuvez donc, & abandonnez la foi chrétienne. Lorsqu’il a parlé de quelque peuple qui n’a point embrassé le christianisme, ou qui a précédé la venue de Jesus-Christ, on lui a dit : Vous ne reconnoissez donc pas la morale chrétienne ? Quand il a examiné, en écrivain politique, quelque pratique que ce soit, on lui a dit : C’étoit tel dogme de théologie chrétienne que vous deviez mettre là. Vous dites que vous êtes jurisconsulte ; & je vous ferai théologien malgré vous. Vous nous donnez d’ailleurs de très-belles choses sur la religion chrétienne ; mais c’est pour vous cacher que vous les dites : car je connois votre cœur, & je lis dans vos pensées. Il est vrai que je n’entends point votre livre ; il n’importe pas que j’aye démêlé bien ou mal l’objet dans lequel il a été écrit : mais je connois au fond toutes vos pensées. Je ne sais pas un