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Liv. XXX. Chap. XII.

par ces mots, affranchis de tributs, expression dont on peut se servir, dans la langue Françoise, comme on dit affranchis de soins, affranchis de peines : mais, dans la langue Latine, ingenui à tributis, libertini à tributis, manumissi tributorum, seroient des expressions monstrueuses.

Parthenius, dit Grégoire de Tours[1], pensa être mis à mort par les Francs, pour leur avoir imposé des tributs. M. l’abbé Dubos[2], pressé par ce passage, suppose froidement ce qui est en question : c’étoit, dit-il, une surcharge.

On voit, dans la loi des Wisigoths[3], que quand un barbare occupoit le fonds d’un Romain, le juge l’obligeoit de le vendre, pour que ce fonds continuât à être tributaire : les barbares ne payoient donc pas de tributs sur les terres[4].

  1. Liv. III, ch. xxxvi.
  2. Tome III, page 514.
  3. Judices atque præpositi terras Romanorum, ab illis qui occupatas tenent, auserant ; & Romanis suâ exactione, sine aliquâ dilatione restituant, ut nihil sisco debeat deperire. Liv. X, tit. I, ch. xiv.
  4. Les Vandales n’en payoient point en Afrique. Procope, guerre des Vandales, liv. I & II ; Historia miscella, liv. XVI, page 106. Remarquez que les conquérans de l’Afrique étoient un composé de Vandales, d’Alains & de Francs. Historia miscella, liv. XIV, page 94.