Page:Montesquiou - Les Paons, 1901.djvu/23

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LES PAONS Faisant fouetter le peintre assez séditieux Pour doter le tableau d’une ombre qui la lèse ; Et, pour joyau suprême, et pour audacieux Bijou qui Tassimile au seul paon sous les cieux, Osant, sur son manteau, faire broder des yeux ! III PARURE Les plus beaux des bijoux sont encore les yeux ! Les yeux tendres, les yeux tristes, les yeux joyeux ; Les yeux pleins de reproche, où les yeux pleins de charmes ; Les yeux pleins de sourire, ou les yeux pleins de larmes. La mode ingénieuse en fit des talismans : Les amants portaient les yeux de leurs amants, Dans un passé récent, en médaillons, en bagues. Les yeux profonds, les yeux pénétrants, les yeux vagues. Miniatures délicates d’un cher œil Mystérieux teinté d’allégresse ou de deuil. Les yeux voluptueux et les yeux extatiques : Bijoux profonds, joyaux sacrés et poétiques. Une élégante femme en peuple son écrin. Dans un cœur de cristal ou de peau de chagrin Elle fait s’endormir ou veiller leurs prunelles ; Escarboucles par qui reluisent, éternelles. Leurs amours. — Oh ! le noble éçrin, les purs joyaux Dont Queen Beth eût paré ses vêtements royaux ! N’est-ce pas être un paon bien plus riche que l’autre ? Et quelle vigilance, en outre, que la vôtre ;