Page:Montfort - Un cœur vierge.djvu/235

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jeté. Nous entrions dans notre nouvelle existence. Très doucement. Car le Stiren er Mor glissait sur l’eau sans bruit. J’écoutais attentivement : rien d’autre que la plainte de la mer que fendait notre barque. La nuit était profonde. Je me demandais comment Yvon pouvait se diriger, il est vrai qu’il connaissait toutes les passes, tous les entours de l’île : il lui était permis d’y naviguer les yeux fermés. Je me sentais maintenant pleinement rassuré. Je tenais Anne sur mon cœur. Nous étions enveloppés dans la même couverture. Il me semblait que désormais personne au monde ne pourrait me l’enlever.

Nous ne parlions pas. Mais je la devinais heureuse. Bien qu’elle vécût dans une île, elle était allée rarement en barque. Ce léger bercement, cette douceur de voler sur l’eau, emportée par la voile, cela qui était nouveau pour elle, elle s’y abandonnait avec délice ; cela accompagnait son rêve. Sans voir ses