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Quand je retournai aux Briars, l’Empereur voulut avoir des détails sur le bal et sur nos toilettes ; il savait déjà que nous y avions été élégamment mises et il en était bien aise. Il s’amusait beaucoup de ces détails. Je n’ai jamais vu personne avoir l’esprit plus présent à tout et s’intéressant plus à la vie réelle ; rien ne lui échappait et il se ressouvenait des moindres petites choses. Cette disposition naturelle mettait beaucoup de facilité dans l’habitude de la vie et en ôtait toute gêne.

J’ai dit que j’avais amené une femme de chambre française. Comme elle partageait son service entre moi et mon fils, je fus obligée de chercher une seconde femme. Il était difficile de trouver de bons domestiques, une femme surtout ; on nous avait prévenus que les négresses, les mulâtresses étaient en général d’une très mauvaise conduite ; on me présenta une jeune personne blanche, fille d’un soldat de la Compagnie et qui n’avait jamais quitté son père, vieux soldat retiré. Sa figure charmante prévenait en sa faveur ; je l’arrêtai de suite. On la nommait Esther. J’aurai occasion d’en reparler. Nous prîmes aussi un valet de chambre