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On savait qu’il n’aimait pas ces fugues.

Il en était de même au salon ; il n’aimait pas qu’on le quittât pendant qu’il y était. J’y ai passé quelquefois des heures, soit qu’il vînt une visite ou qu’il y eût des journaux à lire. Si je sortais, il fallait que M. de Montholon lui donnât plus tard un motif plausible de ma disparition et qu’il y crût.

Cependant, aussitôt qu’il sut que j’étais grosse, il trouva tout simple que je quittasse le salon et même la table. Dans les derniers mois de ma grossesse, je me trouvais mal presque tous les jours après le dîner, et si l’on restait à table, j’étais forcée de me lever et de rentrer chez moi. Quand je le pouvais, je revenais, et il faisait semblant de ne pas s’apercevoir de ma sortie et de mon retour. Quand je ne revenais pas au bout d’un certain temps, l’Empereur se levait en disant : « Mme de Montholon ne reviendra plus, allons nous coucher. » En rentrant chez lui, il faisait appeler un de ces messieurs qu’il gardait jusqu’à minuit et quelquefois plus tard. Aussitôt qu’il entrait dans sa chambre, il sonnait son valet de chambre et se déshabillait. En arrivant à Longwood, il avait quitté son uniforme ;