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personne du camp et de la ville, il ne manquait jamais de vous nommer, ainsi que l’auteur de la nouvelle.

Il en résultait que c’était redit ; or, cela compromettait les intéressés. Ils encouraient de ce fait la disgrâce du gouverneur, qui ne tolérait pas que l’on frayât avec nous, et surtout qu’on nous informât de la moindre chose qui pût nous intéresser.

Par suite de cette indiscrétion de l’Empereur dans les petites choses, on en vint à ne plus rien nous raconter.

Si l’Empereur s’est fait beaucoup d’ennemis par sa mauvaise habitude de se laisser aller à dire ce qui pouvait blesser, il avait au moins, comme les hommes supérieurs, un esprit de justice qui lui faisait trouver tout simple qu’on lui répondit avec noblesse quand il avait offensé.

Je puis dire que je lui ai souvent répondu de la manière la plus forte ; il ne m’en a jamais su mauvais gré. Il disait alors à M. de Montholon : « Elle m’a dit des choses bien sévères ; mais c’est le droit des femmes. »

On a dit encore que l’Empereur était très méfiant. C’est sans doute parce qu’il a été sou-