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parle de toi, ce qui ne conviendrait pas à ta position. Ces eaux sont le point où tous les journalistes de l’Europe vont chercher des nouvelles vraies ou fausses, et ce pourrait être pour toi une cause de désagréments ; tant de gens seront prêts à te prêter des propos, des actions qui sont loin de ta pensée !

J’ai tort d’être effrayé, je devrais être bien tranquille. Tu m’as appris, depuis six ans, à avoir en toutes choses confiance en ton jugement, en ta conduite, etc. ; certes, je me serais bien souvent applaudi d’avoir suivi tes conseils.

Ce que je te dis de la Belgique et des eaux de Spa n’est pas parce que je désire t’y savoir ; mon désir est, au contraire, que tu ailles à Cheltenham et que tu m’attendes en Angleterre, si tu le peux raisonnablement.

Je suis dans la pensée entière de ne prolonger mon séjour ici qu’aussi longtemps que je le croirai nécessaire pour ne pas aggraver la position de celui pour lequel j’ai déjà tant fait.

J’attends avec impatience l’arrivée des trois prêtres ou médecins que les journaux nous annoncent et, s’ils sont à la hauteur de leur rôle, je quitterai le sol maudit de Longwood. Quel beau jour pour moi que celui où je te presserai sur mon cœur, et ma Lili ! Je les embrasse, mes pauvres enfants ; je les aime tous bien tendrement, et si Lili vient plus souvent à ma pensée, c’est qu’elle me caressait plus. Recommande à Tristan de bien travailler. Dis lui que, s’il m’aime,