Page:Montifaud - Les Nouvelles drolatiques V1.djvu/41

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plongea son œil d’aigle dans mes yeux, me tint sous la projection de son regard pendant une minute, et répéta à voix basse ces mots incompréhensibles :

— Eh bien, vrai, jamais je ne l’aurais cru !

Soudain, ce singulier vicomte, que je supposais si édifiant de conduite et de discours, approcha sa bouche de mon oreille, et, sous l’empire de je ne sais quelle diabolique pensée, murmura presque dans mon cou :

— Si vous n’avez jamais laissé tomber Athalie pour prendre un autre livre ; si vous n’avez jamais brodé de bourse bleue ; si la journée s’est toujours terminée pour vous aussitôt votre prière à la chapelle ; si vous n’avez rien interrompu d’agréable dans vos pensées chaque fois qu’on vous ordonnait d’ouvrir votre livre de messe ; si le gland de soie que vous cousiez pour le bonnet grec de votre grand-père ne vous a jamais chatouillé les doigts ; si, au moins instinctivement,