Page:Montifaud - Les Nouvelles drolatiques V1.djvu/57

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mes, drapées dans leur fière mélancolie, paraissaient des victimes vouées à une destinée effroyable ; et, comme sous l’effet de la reprise de la Case de l’Oncle Tom à l’Ambigu, l’on entendit un jour la cuisinière du percepteur des douanes répliquer à son maître qui lui demandait un tire-bouchon :

— Monsieur, mon corps peut vous appartenir, mais mon âme, jamais !

M. de Trigonec se frottait les mains ; il avait ouï raconter le petit mouvement exécuté par les bons pères ; il savait, en outre, que Mme de Trigonec se disposait à adresser un cadeau sérieux au P. Loreau. Il résolut donc de frapper définitivement le grand coup.

— J’aurai raison de ces gredins-là, se dit-il ; je les tuerai sous le ridicule. Et, si j’échoue, j’en serai quitte pour partir immédiatement à Paris. Mais si j’ose ouvertement me moquer d’eux et que j’aie seulement deux ou trois alliés, quel triomphe, et quelle réputation de bravoure !