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mencement de l’an 1880, curateur de deux ventres : l’un appartenant à une petite femme rondelette et finaude, Mme Juliette d’Artigues ; l’autre, à une très-méthodique personne, Mme Betzy de Louvency, une Anglaise de race.

À la mort de MM. de Louvency et d’Artigues, chaque famille avait facilement compris que, vu la situation des deux femmes, la fortune devait un jour leur revenir, puisque Mmes de Louvency et d’Artigues conservaient l’espoir de devenir mères. Si chaque enfant arrivait à bon port, il recueillait à juste titre l’héritage de son père défunt ; sinon, les inconsolables veuves perdaient fatalement cette fortune, qui retournait à la branche maritale, faute d’un héritier légitime.

C’était la première fois que Me Crisabert avait à remplir une mission aussi délicate. Le brave homme prenait au sérieux son rôle d’observateur, et il ne se passait point de jour où l’un des ventres en gestation ne reçût sa visite. Il en étudiait la