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Page:Montifaud - Les Nouvelles drolatiques V7.djvu/58

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— Tout ? non. Alice sera seulement prévenue. Et si elle ne voulait pas ?…

— Si elle ne voulait pas ? alors…

Et le docteur se mordit la lèvre.

— Allons, allons, partez.

— Je m’en vais… je descends. Dieu ! quel sacrifice !

Cette conversation se tenait dans le cabinet d’un des jeunes médecins de la gentlemanie parisienne, entre le docteur Sagace et M. Léopold de Vignis, marié depuis deux ans. La stérilité de son union avec Mme Alice Beldevèze emplissait d’amertume des jours, voire même des nuits, qu’ils avaient espéré l’un et l’autre les conduire doucement vers la naissance d’un fils. Cette légitimité de désirs ne s’était pas vue couronnée de succès ; et M. de Vignis, désespéré, s’entendait répéter chaque semaine, par le docteur Sagace, qu’il devrait renoncer à son futur héritier. Un matin, pourtant, après une affectation de timidité qui lui compta longuement dans l’estime de la famille, le