Page:Montifaud - Les Romantiques, 1878.djvu/118

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d’autres, à propos d’une personne disparue.

Dans ce roman de vingt ans où nous défions le lecteur de ne voir qu’une œuvre imaginaire, l’homme s’anatomise derrière l’écrivain. A travers cette fantasia du style se révèlent les blessures cuisantes de l’amour méconnu. La force créatrice de son organisation lui fait retrouver un contact avec la femme qu’il n’a pu river à lui. Il enserre ce délicieux fantôme qui n’est pas une conception idéale, mais qui existe pour lui et loin de lui, et son enveloppe « jeune, ferme et rose, » il la contemple, il la respire. « Vous êtes à moi, » lui crie-t-il, dans la demi-confidence du dernier chapitre où il consent à se laisser deviner, et tout en parlant comme s’il était Stephen : « Vous êtes à moi, triste ou heureuse, pensant à moi ou m’oubliant dans les bras d’un autre... La mousse des bois : nous avons marché dessus ensemble. — Les fleurs d’églantier : ensemble, le soir, nous les avons respirées. L’aubépine des haies : je l’ai enlacée dans vos cheveux. — Les liserons : il y en avait dans le jardin des tilleuls. — L’ombre et le silence des bois : je les ai désirés pour cacher notre vie qui devait être si heureuse ! — Le vent : je l’ai