Page:Montifaud - Les Romantiques, 1878.djvu/121

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paierons les frais de l’enterrement. Vivant, le monde ne t’accordera pas de quoi subsister ; mort, les caisses de nos institutions s’ouvriront pour toi. L’argent que nous refusons de verser pour les souffrances de ton estomac, nous l’accorderons à cette poussière qui aura été ton corps.

La fiction si naturelle qui fait, en général, le fond d’un roman d’Alphonse Karr, et qui, de l’aveu d’un critique, réduite à sa plus simple expression, ne tiendrait pas deux pages, à laquelle s’accrochent les mille et un incidents de la digression, au point de couvrir les deux tiers d’un livre, ne saurait être taillée en plus nombreuses facettes. Ce style à courants chauds et magnétiques, vous réveillerait s’il était nécessaire, quand l’action se ralentit. Quelquefois on dirait que l’auteur laisse tomber sa plume, pose ses coudes sur la table et sa tête entre ses mains, et qu’il se met à rêver tout haut comme s’il n’avait jamais commencé d’écrire. Cette rêverie qui vient soudain se coucher sur son papier, amène des chapitres de demi-teinte et donne du clair-obscur à l’ouvrage. Tout en faisant de la campagne le cadre de ses nouvelles, il jette dans ce milieu un peu