Page:Montifaud - Les Romantiques, 1878.djvu/69

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païenne, son moi naturel où le christianisme n’a point passé.

Ainsi que Lamartine, le don naturel de la parole l’emporte à imposer, elle aussi, à ceux qui l’écoutent en proie à l’ivresse, des vérités dont la forme les fera toujours accepter sans discussion. S’il lui plait de faire aimer l’athéisme, on cherchera en vain à s’en défendre, on l’aimera ; car il y aura dans la statue du dieu certains airs de grandeur qui domineront. Quoique née de Rousseau et appartenant dès son début au mouvement romantique, George Sand ne s’est enrôlée sous aucun maître contemporain, ne s’est point rompue au système d’une coterie. Elle a du trappu dans le style, sans avoir jamais rien de besoigneux dans l’esprit ; sa prose se laisse palper les reins tant elle est musclée, ce qui ne l’empêche point par instant de frapper la terre d’un coup d’aile, et de se balancer majestueuse, maîtresse de son vol et de sa chûte.